L’intérêt de l’exercice est de ne pas s’enfermer dans un programme préétabli, mais que de progresser dans un projet commun reconnaissant les compétences et sensibilités de chacun. La nouveauté du regard des étudiantes est importante : ils peuvent être étonnés par des éléments passant inaperçus aux yeux des habitants (et des miens).
L’objet étudié est le système villageois contemporain. Par système villageois on entend ici l’articulation des espaces les uns aux autres, les significations qu’on leur donne aujourd’hui, suivant les témoignages des habitants sur les fonctions et usages passés des bâtiments et espaces ouverts, les modes d’occupation actuels, de leurs projections imaginaires (p. ex. le passé comme il aurait dû être, le présent comme il pourrait être, l’au-delà de nos propres durées etc.). Donner à comprendre ce système demande à alterner des vues générales et des plans rapprochés, ces derniers adossés à des objets que l’on a sous les yeux.
Quelques exemples :
L’église et le cimetière
Vue générale . Les territoires de l’église : par-delà l’image de l’église au centre ou au sommet du village, quels sont les réseaux structurés par l’église (usage de cet église par d’autres communautés villageoises environnantes, parcours des processions –notamment celle de la Fête-Dieu-, etc.)
Focale rapprochée . L’église est située dans un périmètre plus ou moins circulaire indiquant une fortification (mention d’un « fossé de l’église » en 1296) à l’instar des cimetières fortifiés européens (dans le Haut-Rhin deux exemplaires bien conservés à Hartmannswiller et Hunawihr) et des greniers fortifiés méditerranéens (exemple les agadir au Maroc). Le clocher donne des indications de fortification (dont on pourrait restituer graphiquement les éléments manquants). Essayer de faire comprendre les logiques spatiales successives et leurs relations avec les évolutions socio-économiques.
L’espace public
Vue générale : le réseau viaire. Les rues, venelles, sentiers, innervent le corps du village. Quels sont leurs tracés, hiérarchies, fonctions ? Réseau viaire et gestion de l’eau : les écoulements des eaux pluviales, les sources et puits, jouent un rôle important (et aujourd’hui quasi invisible) dans la morphologie du village. Ils sont présent allusivement (par exemple le nom « rue du Cuir » indique l’activité du tannage de peaux, elle-même dépendante d’un aménagement hydraulique spécifique), en creux (le déversoir d’orage de la « rue des quilles » est comblé mais subsiste sous la forme d’une venelle) etc. A travers ces questions, on touche à ce que l’on pourrait appeler un « génie écologique ».
Focale rapprochée : les placettes et points d’eau renvoient à des lieux et pratiques de sociabilité disparus (lavoir, piste de quilles…)
Le bâti
Vue générale 1 : formation historique du bâti (cartographie des bâtiments par époque de construction croisée avec les matériaux de construction).
Vue générale 2 : maintiens, abandons, réinvestissements du bâti. Une carte peut-elle montrer la situation en 1978 : maisons inhabitées, exploitations agricoles actives. Et la comparer à une carte actuelle : maisons anciennes conservées et restaurées, maisons et bâtiments anciens sans affectation et semblant voués à disparaître, …
Focale rapprochée 1 : la maison comme écosystème (programme de la maison et de l’ensemble construit –« ferme » -, adaptation des fonctions au site.
Focale rapprochée 2 : la maison comme système de signifiants (représentation sociale de l’individu, concurrences interindividuelles et imitations, rapport de la maison au voisinage, à l’espace public,…) intégrer des constructions récentes à cette description
Focale rapprochée 3 : la maison comme accumulation de sédiments archéologiques. Confronter des états actuels de maisons à la reconstitution graphique de leurs états : premier, intermédiaire,…
Focale rapprochée 4 : la maison comme enveloppe et médiateur de l’immatériel (questions touchant aux ancêtres, à ce que l’on endosse d’un « passé insaisissable » lors que l’on restaure et habite une maison ancienne etc…)